20 octobre 2021

Améliorer l’engagement utilisateur grâce aux micro-interactions

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous aimiez tant un produit, une interface ? Ce qui vous pousse à y revenir inlassablement ?   

Prenons l’exemple des réseaux sociaux, selon le rapport publié par l’agence We Are Social et Hootsuite (2021), on y passe 1h41 par jour en France. Les facteurs qui expliquent ces habitudes sont multiples, et nous allons particulièrement nous intéresser à l’un d’entre eux : les micro-interactions. 

Après les avoir définies et décrites, nous nous intéresserons à leur mode d’action dans le cadre des systèmes numériques puis analyserons leurs enjeux dans ce milieu. 

LES MICRO-INTERACTIONS 

Définition 

Les micro-interactions peuvent être perçues comme un ensemble de petits moments de plaisir ayant un impact important sur l’expérience vécue. Elles jouent un rôle essentiel sur les interfaces utilisateurs, mais aussi sur la sphère émotionnelle de celui qui les expérimente.  

Omniprésentes sur Internet, elles existent également dans les gestes de la vie quotidienne sans que nous y prêtions attention. Le simple fait de tirer la chasse d’eau ou d’utiliser une brosse à dents pour se laver les dents, font partie des micro-interactions.   

Pour reprendre l’exemple des réseaux sociaux, la plupart du temps nous ne remarquons même pas qu’elles existent, tout simplement parce qu’elles sont pensées pour être invisibles, séduisantes et impactantes.

Exemples de Micro-Interactions, vidéo réalisée par Smart Design

Aussi, il est important de noter que les micro-interactions ne sont pas des fonctionnalités, mais des événements.  

Schématisation 

Le caractère invisible des micro-interactions constitue leur fonctionnement que nous pouvons comprendre ainsi :    

  1. L’interaction est suggérée par un déclencheur (initiée par le système ou par l’utilisateur).  
  2.  L’utilisateur réalise l’action.   
  3.  Un feedback est envoyé à l’utilisateur, son système de récompense s’active.

Issu de la série Good Girls Revolt, interaction avec le bouton de la lampe pour allumer la lumière.

Pour aller plus loin, Dan Saffer (2013), Designer et auteur de Microinteractions, décompose et schématise les micro-interactions en quatre grandes étapes :

Etape 1 : Trigger  

Le Trigger correspond au déclencheur qui va lancer l’interaction. Il est initié par l’utilisateur ou par le système.  

  • Par l’utilisateur : Boutons, switches, ou même déplacer un fichier dans un dossier. 
  • Par le système : Popin, stories Instagram, ou encore par exemple la notification sur votre téléphone qui indique que vous avez vendu un bien sur Leboncoin.

Etape 2 : Rules  
 
Les Rules définissent ce qu’il se passe dès lors que l’utilisateur initie l’interaction. Par exemple lorsqu’une personne appuie sur le bouton démarrer de son ordinateur, l’ordinateur démarre.  

Etape 3 : Feedback  
 
Le Feedback, ou le retour d’information correspond à ce que l’utilisateur voit une fois avoir initié l’interaction. Tout ce qu’il voit constitue le Feedback. Par exemple lorsqu’il scrolle dans une page, il voit la page défiler. Le Feedback doit être sensoriel (toucher, vue, ouïe)

Etape 4 : Loop & Modes  
 
Ce sont les « méta-rules » de la micro-interaction. Un ensemble de règles qui améliorent la satisfaction utilisateur, mais qui ne font pas toujours partie de l’interaction de base :  

  • Loop : Représente si l’interaction se répète dans le temps ou change de comportement. Par exemple, une personne cuisine et interagit avec sa plaque pour mettre un minuteur de 10 min. À la dixième minute, un bip retentira jusqu’à ce que la personne l’arrête. S’il ne l’arrête pas, son plat risque de brûler. 
  • Modes :  Représente les conditions que l’on peut imposer à la micro-interaction. Par exemple paramétrer son téléphone en mode vibreur pour ne plus avoir de sonnerie.

Intérêts des micro-interactions 

Les micro-interactions présentent des intérêts multiples :  

  • Donner un feedback immédiat. 
  • Encourager l’interaction entre un système et l’utilisateur.
  • Améliorer l’expérience utilisateur sans dévier l’utilisateur de son objectif.   
  • Porter un message et rassurer l’utilisateur sur sa compréhension de l’interface.

MODE D’ACTION DANS LE CADRE DES SYSTÈMES NUMÉRIQUES  

Impact neuronal des micro-interactions sur l’utilisateur 

Les micro-interactions sont donc des événements constitués par une unique action et poursuivant un seul objectif. Elles peuvent potentiellement activer le circuit de la récompense en interagissant avec cette voie neuronale. Le résultat est la libération à plus ou moins grande concentration de dopamine – ce messager chimique procure le sentiment de plaisir et de satisfaction et encourage l’utilisateur à réitérer l’interaction. 

Ces vingt dernières années de nombreuses interfaces numériques se sont développées, de nouvelles tendances ont émergé avec leur lot de micro-interactions associées. On retrouve par exemple :

Les notifications  

Par Blackmonkey

Le Drag & Drop

Par Ricky Boyce

L’autocorrection

Autocorrection par Google

Les réactions sur réseaux sociaux

Par Seth Eckert

Et des milliers d’autres…

Intégration des micro-interactions dans le système de stockage mémoriel

Les micro-interactions impactent ce qu’on appelle le “modèle mental”, c’est-à-dire l’ensemble des patterns acquis et devenus naturels pour l’utilisateur. C’est par la répétition régulière d’actions que l’utilisateur en fait des habitudes, à la fois par apprentissage et par mémorisation.  

En effet, l’Être humain dispose de deux vitesses de pensées :  

  1. La première est intuitive, rapide, inconsciente et irrationnelle – elle permet de ne pas réfléchir trop longtemps (exemple de la marche ou de la conduite en automobile : il n’est pas nécessaire d’intellectualiser chaque geste, ils viennent inconsciemment).  Néanmoins, pour qu’une action devienne intuitive et rapide il faut qu’elle soit stockée dans la mémoire de stockage (deuxième vitesse de pensée).
  2. La deuxième est lente (ou mémoire de stockage), consciente et rationnelle – elle permet d’avoir des réflexions poussées et conscientes, de faire la part des choses et c’est là où sont stockés les souvenirs. 

Les micro-interactions les plus courantes finissent ainsi dans la seconde vitesse de pensée et deviennent « naturelles » pour l’utilisateur, car il y est habitué, son « modèle mental » est affecté par ces micro-interactions. Elles permettent à l’utilisateur d’être constamment informé de son interaction avec le système et l’aider à atteindre ses objectifs grâce à un ensemble de conseils et retours d’information.

Scroll avec une souris

ENJEUX DES MICRO-INTERACTIONS 

L’intérêt d’une approche pluridisciplinaire  

Les micro-interactions peuvent parfois être réduites à tort à certaines disciplines (comme par exemple l’UI). Bien qu’en majorité des éléments visuels, l’émotion vécue par l’utilisateur touche directement à son expérience. C’est en cela qu’il est nécessaire de les penser en collaboration avec les UX Designer (et de ne pas dissocier l’UX de l’UI), développeurs et autres parties prenantes.

« The details are not details, they make the design ». 

Charles Eames – Designer

Le mot de la fin

Nous avons vu que les micro-interactions ont un impact sur l’appréciation d’un produit / système par l’utilisateur. Nous comprenons ainsi mieux pourquoi une micro-interaction dysfonctionnelle ou défaillante peut altérer voire nuire à l’expérience utilisateur.  

En tant que Designers, l’objectif est donc de concevoir des micro-interactions satisfaisantes afin d’améliorer la qualité de l’expérience utilisateur et d’en renforcer son engagement. Il serait par ailleurs intéressant d’envisager d’adopter des considérations éthiques lorsque nous les concevons afin d’éviter de générer des dark patterns.  

Nous entrons peu à peu dans une ère où le Design devient le pilier stratégique des enjeux futurs, notamment dans les domaines de l’écologie, du business, ou encore de l’expérience collaborateurs. C’est pourquoi l’intérêt de concevoir des micro-interactions subtiles, utiles, utilisables et satisfaisantes devrait être au cœur de nos travaux.  

Il serait par exemple pertinent de prototyper ces micro-interactions et de les intégrer dans le Design System avec Storybook (s’il y en a un) pour les développeurs.  

J’espère que cet article vous a plu, n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques sur le sujet en venant échanger avec nous – en attendant je vous renvoie vers l’excellent article d’Adrien sur Storybook et le Design System.

https://www.frontguys.fr/ui-design/storybook-votre-design-system-prend-vie/

Sources :

https://wearesocial.com/fr/blog/2021/01/digital-report-2021-les-dernieres-donnees-de-notre-etat-des-lieux-du-digital-dans-le-monde/

Saffer, D. (2013). Designing Microinteractions. Microinteractions.   

Freepik (illustration)